24e séminaire, 2017

L’éducation spécialisée : entre activités et vie quotidienne, comment faire surgir la parole ?

Discours d’ouverture

Le thème de notre 24e séminaire est tout à fait dans ligne de l’action de Jean-Claude Ferrand : il a été un ardent promoteur de ce qu’on appelait les « loisirs thérapeutiques », dont il a contribué à développer le concept. On doit regretter que le sacro-saint, et désormais constitutionnel, principe de précaution, conduise à privilégier la limitation du risque – dans le but de protéger l’administration et, dans une moindre proportion, les professionnels de toute recherche en responsabilité en cas d’accident – cela au détriment de la gestion d’une prise de risque réfléchie, qui est de toute évidence un élément essentiel du processus éducatif au bénéfice des adolescents difficiles.

Etienne Hollier-Larouse, Président de l’AVVEJ

Introduction au séminaire

Pour ce qui est de la parole, elle n’est pas à entendre comme bonne en soit ; d’ailleurs certains se méfient comme de la peste de la bonne parole. Il n’y a qu’à écouter les dictons à son sujet pour comprendre que le silence lui est souvent préférable : « la parole est d’argent mais le silence est d’or », « il faut remuer sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler », ou encore l’expression « parler pour ne rien dire ». La parole dont on parle est celle, je pense, qui engage celle ou celui qui la prononce. Et soutenir une parole de soi-même, du trou, du néant pour reprendre les formulations de Jean-Pierre Lebrun, n’est autre que la marque du sujet. C’est pourquoi cette parole-là peut tout aussi bien être tenue par une personne sourde et muette. L’homme est un animal qui possède le langage, un être parlant, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il parle, en ce sens qu’il dise quelque chose lorsqu’il parle, ou encore qu’il tienne parole. A retrouver en intégralité ici.

Serge Raguideau, ancien Directeur général de l’AVVEJ

Faire surgir la parole

Faire surgir de la parole qui libère, qui met en lien, qui fait rencontrer l’autre, qui porte l’expression des émotions, des représentations et qui ouvre au jeu des joutes verbales et des controverses, parfois de la violence,  est au cœur du quotidien des services et des établissements qui s’occupent des jeunes en difficulté de se construire. Cette parole qui circule, qui embrouille autant qu’elle éclaire, rend possible les relations qui font vivre chacun comme sujet.

Michel Defrance, éducateur spécialisé et administrateur de l’AVVEJ

Entre apprendre et comprendre : qu’est-ce que s’émanciper ?

Joseph Jacotot avait entrepris d’enseigner l’hébreu au fils débile de son imprimeur, et qui semblait voué à l’existence misérable de l’ignorant, après quoi l’enfant devint un excellent lithographe, l’hébreu bien évidemment ne lui servant à rien. Jacotot tira de cette expérience les principes fondamentaux de sa méthode pédagogique, dont celui qui détermine toute activité d’éducateur, le principe de l’émancipation selon lequel tout homme/femme du peuple peut concevoir sa dignité d’homme, prendre la mesure de sa capacité intellectuelle et décider de l’usage qu’il en fera (voir Jacques Rancière, Le maître ignorant, Fayard, 10/18, 1987). Ce n’était donc pas la maîtrise de l’hébreu qui était en jeu mais le fait même d’apprendre quelque chose, peu importe quoi à la limite, et d’y rapporter tout le reste, selon ce présupposé, éminemment politique, que tous les êtres humains ont une égale intelligence.
Jacques Deschamps, philosophe

Conférence gesticulée

La conférence gesticulée est une prise de parole publique sous la forme d’un spectacle politique militant. Construite par une personne ou un groupe à partir de leurs expériences, c’est un acte d’éducation populaire fondé sur l’envie de partager ce qu’on a compris, tel qu’on l’a compris, là où on l’a compris.

Franck Lepage, militant de l’éducation populaire, conférencier

Le dessinateur Pavo est intervenu pendant les trois jours du séminaire.

Pour la première fois, le séminaire de l’AVVEJ a été filmé : d’une part les conférences à des fins de diffusion et d’archivage, mais aussi ce qui se passe entre ces conférences, dans les pauses, les ateliers, les couloirs… Ces images ont permis de réaliser la vidéo de présentation de l’association. 

Plusieurs établissements ont organisé des ateliers collectifs.

Traitement cognitif et conditions affectives

Le traitement cognitif par 1% de nos neurones (les autres étant en charge du traitement analogique comme chacun sait) dépend des conditions affectives et fait intervenir l’action des modulateurs : sérotonine, noradrénaline et dopamine.
 
Jean-Pol Tassin, neurobiologiste

Formule des Hommes

Les athlètes doivent s’entraîner à supporter que la gratification de leur effort sera différée. Par exemple, promettre à de jeunes enfants qu’ils recevront un chamallow supplémentaire s’ils ne mangent pas celui que l’on vient de leur donner. Sortir de la pièce. Filmer leur réaction… Il semblerait que ceux qui résistent à la frustration aient un parcours scolaire.
 
Sylvain Rouanet, sociologue

La parole dans tous ses états

Le traitement En acceptant l’idée de vous parler de la parole, j’avais conscience que les difficultés ne manqueraient pas. La parole nous est tellement quotidienne qu’elle ne s’interroge plus en tant que telle, ou pas suffisamment. Pour nous aider à y voir un peu plus clair, commençons, peut-être, par dire ce que la parole n’est pas, ou n’est pas tout à fait. La parole brasse tant de confusions, de simplifications, qu’on finirait par dire n’importe quoi à son sujet. Et ce n’est pas sans conséquence sur nos pratiques.​ Texte en intégralité à retrouver ici. 
 
 
Xavier Bouchereau, éducateur, chef de service et consultant indépendant.

A poings nommés

Le psychologue démontre une possible verbalisation des traumatismes nés de la rencontre avec la violence, à partir d’une pratique dans laquelle mise en situation et verbalisation alternent.
 
 
Richard Hellbrunn, psychologue clinicien et professeur de boxe

Cloture du séminaire

Les discours de Serge Raguideau et Etienne Hollier-Larousse sont à retrouver en intégralité en format PDF. Serge Raguideau, Directeur général de l’AVVEJ depuis 2008, a quitté l’association à l’issue du séminaire 2017.